GOURMELEN Henri

Henri Yves Gourmelen est l’aîné des onze enfants d’un maçon et d’une femme au foyer. Suivant la voie de son père, il devient à son tour maçon et s’installe à Plougonvelin. Henri Gourmelen épouse la couturière Anne Raguénès (1886-1974), le 19 février 1908 à Plougonvelin. Dans cette localité, le couple réside à Landiguinoc. Henri Gourmelen est mobilisé à la déclaration de la Première Guerre mondiale.

Le 7 septembre 1944, vers 9 heures, alors que les combats font rages dans le secteur de Plougonvelin, Henri Gourmelen est tué par un Allemand. Plusieurs versions discordantes de l’incident sont connues.

Version de Jean Chevillotte, diffusée par l’association PHASE en 2015 [1] :

« Henri Gourmelin avait fait prisonnier un Allemand, il l’avait enfermé dans la crèche à cochons de la ferme de Kerastreat. La fermeture n’était sans doute pas bien solide et l’Allemand s’est échappé ; Henri lui a couru après et a été tué par une rafale de mitrailleuse implantée à la grille de la propriété Bécot-Lemée... »

Version de Roger Priol, lors de la publication de ses mémoires en 2014 [2] :

« Pendant ce temps, Hervéou demande l’autorisation de voir sa femme à Kervasdoué, sur la
route qui descend au Trez Hir. Il y part avec Joe le Canadien et un Américain. Dans la maison, il trouve sa femme cachée dans la cave avec ses trois enfants. Elle lui apprend que Henri Gourmelin s’est fait tuer, il ramenait trois Allemands avec un fusil qu’il leur avait pris, mais sur la route, il a été abattu d’une balle dans le dos.
 »

Version de François Hervéou, lors d’une déposition en novembre 1944 [3] :

« Le 7 septembre 1944, je me trouvais avec la section des F.F.I de Plougonvelin, qui occupait une ligne délimitée par la route Nationale n°789 aux environs de Toulibil. Me trouvant ainsi à proximité de ma famille qui habitait la maison de garde de Monsieur de Rivérieux, j’ai voulu venir me rendre compte de leur état, de santé. En arrivant près de Landiguinoc, j’ai trouvé GOURMELEN Henri, qui spontanément s’est offert de m’accompagner jusqu’à chez moi.

En arrivant dans la cour de chez Gouzien, j’ai aperçu un soldat allemand qui demandait à se constituer prisonnier. GOURMELEN qui se tenait à quelques mètres de moi a remarqué à son tour un autre militaire, qui semblait égaré de son unité. Comme la veille ; il avait eu le bonheur de faire prisonnier l’officier commandant l’unité stationnée au Trez-Hir, il pensait également pouvoir capturer le militaire sus-mentionné sans trop de difficulté. Il s’est donc approché de lui pour essayer de le désarmer, mais mal lui en pris, car le militaire en question, sortant alors son pistolet, l’a abattu sur la V.O N°1, un peu plus bas sur la ferme de Kerastreat. Il était à ce moment là, neuf heures environ. »

Des trois versions, cette dernière semble la plus plausible, notamment car elle est la plus proche temporellement du drame et qu’elle se recoupe avec la déposition de la veuve Gourmelen.

Bien que ne faisant pas partie des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I), Henri Gourmelen fut considéré comme tel pour son geste. Son nom fut gravé sur la stèle F.F.I du Cosquer en Plougonvelin, où se déroule chaque année - début septembre, une cérémonie commémorative pour rendre hommage aux F.F.I tués lors des combats de la Libération.

Une plaque ou stèle rappelant sa mémoire, fut pendant des années sur le bord de la route où il fut tué. Mais l’installation d’un transformateur a cet endroit fit disparaître cette plaque commémorative. Pour palier à cela, la rue remontant du Trez Hir à Toul an Ibil fut dénommée rue Henri Gourmelin. On ne sait la raison de la francisation de son patronyme, probablement une simple erreur d’état civil.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Rue Henri Gourmelin (mal orthographiée) à Plougonvelin
Crédit photo : Gildas Priol
Stèle F.F.I du Cosquer à Plougonvelin
La stèle commémorative des F.F.I tués aux combats pour la Cie de Saint-Renan et des autres combattants tués à Plougonvelin, se situe Place des F.F.I, Cosquer Village à Plougonvelin (29217)
Crédit photo : Gildas Priol

Sources - Liens

  • Famille Gourmelen, iconographie.
  • Commune de Plougonvelin, registres d’état civil.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier de victime civile d’Henri Gourmelen (AC 21 P 350 048).
  • LE MOAL (abbé), Une paroisse mutilée, éditions Vicaire général Cadiou, 1946.
  • PRIOL Roger, Mémoires d’un résistant de Plougonvelin, à compte d’auteur, Plougonvelin, 2014.
  • Association PHASE, Plougonvelin 1939-1945 - La vie d’une commune sous l’occupation, édition à compte d’auteur, Plougonvelin, 2015.

Notes

[1Plougonvelin 1939-1945 - La vie d’une commune sous l’occupation, édition à compte d’auteur, Plougonvelin, 2015, page 177.

[2Mémoires d’un résistant de Plougonvelin, à compte d’auteur, Plougonvelin, 2014, page 146.

[3Service historique de la Défense de Caen, dossier de victime civile d’Henri Gourmelen (AC 21 P 350 048).