LE CORRE Guy

Guy Jacques Yves Michel Le Corre est facteur-mixte à la gare de Montfort-sur-Meu. Mobilisé à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale en 1939, il est fait prisonnier lors de la débâcle en juin 1940. Interné à la caserne d’Alençon durant un mois, il est relâché le 21 juillet 1940 de par son poste dans une administration essentielle. De retour à Montfort-sur-Meu, il retrouve sa femme, ses deux enfants et reprend son poste à la S.N.C.F. Pour les besoins du service, Guy Le Corre bénéficie d’un ausweis, qui lui sera fort utile plus tard dans la Résistance.

En juillet 1941, il est recruté par Étienne Maurel, secrétaire de mairie de sa commune, dans le réseau de Résistance franco-polonais F2. Il participe au recrutement et à la centralisation des informations collectées. Le mois suivant, il est introduit par son recruteur auprès de l’agent de liaison du réseau Théodore Burlot. C’est par ce dernier que toutes les informations collectées par le groupe de Montfort-sur-Meu vont transiter. Mais rapidement dès novembre 1941, l’agent Burlot est recherché par la sûreté allemande. Il se met au vert, coupant les liens avec l’équipe de Guy Le Corre.

En décembre 1941, par l’intermédiaire du neveu parisien d’une de ses recrues, Guy Le Corre et son groupe retrouvent un lien avec un réseau de Résistance de l’Armée de Vichy (S.R Kléber) via l’agent traitant Louis Morvan du réseau Roy. Le cheminot rennais transmet dès lors à ce nouveau contact la collecte d’informations. De son côté, son camarade Étienne Maurel a poursuivi le recrutement. Lui n’est pas très porté sur le renseignement, il se focalise sur l’action armée. Il est parvenu à recruter deux radios qui entrent en contact avec Londres et dans les premiers jours de février 1942, le groupe de Montfort-sur-Meu reçoit un parachutage de matériels par la R.A.F.

Mais dans les jours qui suivent, les arrestations débutent. Peu à peu la structure clandestine avec laquelle il gardait contact est démantelée. Par sécurité Guy Le Corre demande sa mutation à la gare de Rennes, ce qu’il obtient. Il déménage dans la foulée et s’installe chez sa mère à Rennes avec sa femme. Il poursuit néanmoins le recrutement d’agents de renseignement pour le réseau Roy jusqu’en avril 1942. À cette période, son agent traitant Louis Morvan est arrêté, Guy Le Corre est dès lors presque aussitôt recontacté par le chef du réseau, Georges Lapouge. En novembre 1942, il est recherché par la sûreté allemande suite à une dénonciation. Il se met alors au vert à Paris où grâce à son réseau il bénéficie d’un hébergement. Entre novembre 1942 et janvier 1943, des missions de liaisons lui sont confiées. Il se rend à Caen, Saint-Nazaire et enfin Brest. Sur place, il rencontre un membre [1] de son réseau Roy qui travaille aux Ponts et Chaussées. Ce dernier lui fournit un rapport sur les mouvements des navires et des sous-marins allemands.

En mars 1943, Georges Lapouge quitte la France pour rejoindre l’Afrique du Nord. De nouveau sans filière, Guy Le Corre et sa camarade de résistance Marie-Antoinette Gavet se tournent alors vers le réseau Manipule grâce à Jean Mennerat. Ce réseau est en pleine structuration avec le soutien du B.C.R.A. Composée de trois branches, il est le Service de renseignement du mouvement Ceux de la Résistance (C.D.L.R). Marie-Antoinette Gavet et Guy Le Corre forment pour leur part, la branche 57 [2]. Le binôme reprend le travail clandestin, Gavet s’occupe de l’administratif et de la gestion des agents parisiens, Guy Le Corre effectue lui une tournée en province pour récupérer des informations et maintenir les contacts. Fin octobre 1943, ils apprennent que le réseau Manipule est tombé. Le cloisonnement est efficace, ils ne sont pas inquiétés.

En novembre 1943, le binôme 57 est approché par des agents louches, plus tard ils apprendront que c’était une tentative de noyautage par l’Abwehr. En janvier 1944, Georges Lapouge refait son apparition et recontacte Guy Le Corre. Ils travaillent ensemble quelques semaines mais suite à une altercation, les ponts sont coupés.

Par l’intermédiaire de Denise Hamoir, Gavet et Le Corre passent au service du réseau Samson. Guy Le Corre poursuit son travail de récupération d’informations auprès de ses agents en province jusqu’au débarquement en Normandie. À partir de cette période, la phase renseignement est presque achevée et progressivement il perd les contacts avec la région Ouest de la France du fait des combats. Il se trouve à Paris lors de la Libération. Ayant accompli ce qu’il pouvait, il s’en retourne sur Rennes et Montfort-sur-Meu pour reprendre son poste de cheminot.

Pour son engagement clandestin, il reçoit la médaille de la Résistance français en 1945. En 2003, il livre son témoignage dans un ouvrage.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • GRANET Marie, Ceux de la Résistance (1940-1944), éditions de Minuit, 1964.
  • DUCOUDRAY Marie, Ceux de Mannipule - un réseau de renseignement dans la Résistance en France, éditions Tirésias, Paris, 2001.
  • LE CORRE Guy, Un cheminot rennais dans la Résistance (1941-1944), éditions Tirésias & AERI, Paris, 2003.
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 20/10/1945).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistant de Guy Le Corre (GR 16 P 350891 et GR 28 P 4 122 117) - Non consultés à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.

Notes

[1Non identifié à ce jour.

[2Addition de leurs âges.