François Valentin L’Hermit est le fils d’une ménagère et d’un cultivateur. Son père est tué au cours de la Première Guerre mondiale, à Sommepy-Tahure dans la Marne en 1915. François L’Hermit, ses deux frères et sa sœur sont alors adoptés comme pupilles par la nation. Il s’engage à ses 18 ans dans la Marine nationale et parvient à être promu au grade de second-maître mécanicien. François L’Hermit épouse Denise Derrien (1917-1995), le 7 octobre 1938 à Locquirec et de cette union naît une fille. Quand la guerre éclate, le marin originaire de Locquirec participe à la campagne de Norvège. Au début de l’occupation, il est muté à l’Unité marine de Brest, comme chauffeur du sous-préfet.
En novembre 1943, alors qu’il se trouve dans les Cotes-du-Nord où sa femme s’est établie pour fuir les bombardements sur Brest, François L’Hermit est recruté par son ami de longue date Jean Le Peuch dans un réseau de Résistance. Sans le savoir, François L’Hermit travaille désormais pour le Service B : service de renseignement du Parti communiste. Sa tâche consiste à collecter et transmettre des renseignements d’ordre militaire sur les implantations allemandes dans le Finistère et tout particulièrement sur les activités de la Kriegsmarine à Brest. François L’Hermit semble donner toute satisfaction à ses supérieurs et fournit notamment un plan complet du réseau de mines marines interdisant l’entrée du port et le dispositif de D.C.A protégeant les installations portuaires.
Témoignage de l’agent Théophile
Un jour, je me trouvais avec lui à la porte Tourville, à côté du poste de garde. Les rails du chemin de fer passent tout près. À dix mètres de là, et jusqu’au bassin de Pontaniou, se trouvaient des wagons. Sous le nez des Allemands qui étaient de l’autre côté, il a relevé les noms inscrits sur les plaques, afin que l’aviation aille bombarder les points d’origine de ces wagons.
En avril 1944, la filière bretonne du réseau est infiltré par la sûreté allemande. Une vague d’arrestations touche bientôt les Côtes du Nord, décimant la structure clandestine. Le même mois, le maire de Locquirec reçoit un télégramme pour François L’Hermit. Rappelé de permission, il rentre à Brest le 21 avril 1944. Dès son arrivée à l’Unité marine, il est arrêté par l’Aussenkommando Brest du Sicherheitspolizei-Kommando (S.D). Il semble, d’après Victor Gragnon, avoir subi des tortures lors de ses interrogatoires.
Interné dans un premier temps à Brest, à la prison de Pontaniou, il est ensuite transféré sur Rennes au camp Marguerite. L’avance des troupes Alliés vers Rennes dans les premiers jours du mois d’août 1944, provoque le transfert de tous les prisonniers dont François L’Hermit, vers l’Est de la France afin de les déporter en Allemagne. Il fait ainsi parti du dernier convoi, dit Convoi du Langeais. Il est vu pour la dernière fois en vie à Belfort le 28 août 1944, avant d’être assigné au camp de Wilhelmshaven sous le matricule n°43717.
Malgré la libération des camps et la fin de la guerre en mai 1945, François L’Hermit ne donne plus signe de vie. Il est officiellement porté disparu le 31 décembre 1946 et déclaré Mort pour la France en 1948. Afin d’officialiser son décès, la date fictive retenue est le 28 août 1944, date de sa déportation. Il a été retrouvé dans une série d’objets à Hambourg, son alliance de mariage gravée de la date et des initiales du couple.
À titre posthume, pour son action dans la clandestinité, il reçoit la médaille de la Résistance française en 1955.